Histoire de Cognac : Une ville au destin exceptionnel

Dans l’imaginaire collectif, l’évocation de Cognac renvoie inévitablement à la célèbre eau-de-vie. Il est vrai que la ville doit au cognac sa réputation universelle et son changement brutal de dimension au 19e siècle. Pour autant, le cognac ne saurait être la seule clé de lecture de la cité, riche d’une histoire et d’un patrimoine qui dépassent le cadre du spiritueux.

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Cognac cité marchande

Si le territoire cognaçais compte de nombreux vestiges des époques préhistorique (dolmen de Séchebec, 4e millénaire avant J. – C.) et gallo-romaine (ensemble de la Haute-Sarrazine, 2e et 3e siècle après J. – C.), la véritable histoire de la ville débute au Moyen Age avec le commerce du sel.

Un fleuve, un port…

Pour apporter le sel de la côte aux populations de « l’intérieur », les hommes remontent le fleuve Charente. À partir du milieu du 10e siècle, ils se fixent sur le site même de Cognac et créent le port saunier qui va prospérer durant 5 siècles.

Ce port marque le point de départ de l’organisation de la future cité. Il constitue également une première étape dans l’affirmation de Cognac comme cité marchande avant que le commerce des vins mais surtout des eaux-de-vie ne donnent à la ville sa renommée internationale. Cognac s’inscrit ainsi dans une longue tradition marchande qui a conditionné son évolution et son histoire.

Le Moyen Age

Cognac s’est constituée en deux grandes étapes séparées de plusieurs siècles. La ville se développe d’abord au Moyen Age, entre le 11e et le 13e siècle, à partir du fleuve et autour de trois quartiers : le port saunier, le quartier du château et le quartier Saint-Léger.

Au 13e siècle, une enceinte protège l’ensemble de la cité dont il ne reste aujourd’hui que quelques vestiges à l’image de la porte Saint-Jacques (construite à la fin 15e siècle). Pendant cette période, la Guerre de Cent Ans représente un épisode désastreux pour la ville qui passe successivement entre les mains des Anglais et des Français.

L’époque moderne

Cognac, ville natale de François 1er

À la fin du 15e et au 16e siècle, Cognac connaît une période faste sous la souveraineté de Jean et Charles d’Angoulême, l’administration de Louise de Savoie ainsi que lors des nombreux séjours de son fils, François 1er né le 12 septembre 1494 à Cognac. La ville et ses monuments se reconstruisent et s’embellissent tandis que le château est le siège d’une vie culturelle brillante où s’épanouissent les idées de la Renaissance.

Dans une ville où le protestantisme est très présent, les violents affrontements des guerres de Religion marquent la seconde moitié du 16e siècle. Les 17e et 18e siècles voient l’apparition de plusieurs édifices religieux dans le contexte de la Contre-Réforme (couvent des récollets, couvent des Cordeliers…) ainsi que de nombreux hôtels particuliers. C’est également la période de la mise en place et du développement du commerce des eaux-de-vie.

Du 19e siècle à nos jours

La deuxième grande étape de la construction de la ville est le 19e siècle

Sous l’impulsion du commerce du cognac, la cité change de dimension : sa taille est multipliée par 6, on annexe des communes limitrophes et des quartiers entiers sont créés, sa population passe de 3 000 à 18 000 habitants en 70 ans.

Malgré cette explosion urbaine, des zones naturelles sont préservées et des espaces verts sont créés : le Bois du Portail, le parc François 1er ou encore le jardin public de l’Hôtel de Ville. Il faudra attendre les années 1960 pour voir la ville s’agrandir de nouveau avec la construction de nouveaux quartiers d’habitats collectifs et pavillonnaires (Crouin, La Chaudronne, l’Hôpital).

Le cognac : tradition, savoir-faire, créativité

Le cognac est un élément essentiel de l’identité de la ville

Il repose sur une longue tradition et des savoir-faire qui se perpétuent de générations en générations. Autour de la célèbre eau-de-vie, c’est tout un monde qui s’est créé : le négoce évidemment mais aussi la tonnellerie, la verrerie, l’imprimerie ou encore le design-packaging et la création artistique…

Parallèlement, l’empreinte architecturale laissée par le commerce du cognac dans la ville aux 19e et 20e siècles est considérable. Construits majoritairement par des négociants et conçus comme de véritables arguments publicitaires, les hôtels particuliers sont nombreux et de styles très variés. Cependant, l’élément le plus caractéristique de la ville est sans aucun doute le chai. Patrimoine industriel par excellence, il est directement lié à l’activité du cognac et témoigne d’une architecture de qualité tout en étant fonctionnelle.

Quelques ouvrages de référence :
–  Ville de Cognac. Regards sur Cognac. Impr. Maury, 1982.
–  Collectif. Cognac Cité marchande : urbanisme et architecture. Service de l’inventaire Poitou-Charentes, 1990. (Cahiers de l’inventaire ; 20).
–  Reverchon, Pauline. Cognac. Art et tourisme, Nouvelle éditions latines, (1985).
–  Ouvrages et articles de Pierre Martin-Civat (Fonds charentais, Bibliothèque municipale de Cognac).
–  Bernard, Gilles. Le cognac dans la tourmente du phylloxéra, 1868-1910. cognac : GREH, 2006